Présentation

Les mazarinades sont strictement définies comme les textes publiés durant la Fronde, entre 1648 et 1653, et relatifs à celle-ci. Il s’agit pour la plupart de libelles imprimés contre le ministre Mazarin, mais également en sa faveur, ou qui rendent comptent d’un événement, d’un fait, ou d’une opinion particulière liée au contexte politique du temps. Le corpus est aussi diversifié par les genres (chansons, relations, proclamations, satires, etc.) que par la forme des publications (placard, livret, acte officiel, etc.). Les critères de sa délimitation ont souvent été discutés [1] . Nous avons volontairement maintenu dans le périmètre des pièces de nature officielle (acte royal ou arrêt de parlement imprimé) ou des occasionnels, dont le contenu n’a rien de pamphlétaire, mais était nécessairement appréhendé en lien avec les événements. Le corpus dans sa totalité est estimé entre 5 500 et 6 000 unités bibliographiques (éditions ou impressions). Souvent considéré, par son ampleur et le rythme de sa production, comme un «déluge» (Hubert Carrier), un «océan» (Christian Jouhaud) ou un «labyrinthe» (Michel de Certeau), cet ensemble documentaire dispose d’une relative cohérence. Celle-ci a été perçue dès le XVIIe siècle : en témoignent notamment des recueils anciennement constitués, ou l’analyse qu’en proposait Gabriel Naudé dès 1649, dans les deux éditions successives du Jugement de tout ce qui a esté imprimé contre le cardinal Mazarin (que la postérité a retenu sous le titre forgé de Mascurat).
La Bibliographie des mazarinades propose de recenser les éditions et leurs variantes, en s’appuyant dans une première phase sur le traitement des 25 000 exemplaires conservés à la Bibliothèque Mazarine (collection développée de manière systématique depuis le XIXe siècle), et sur les données de la recherche bibliographique. Le socle de celle-ci a été constitué par Célestin Moreau, dans un répertoire paru en 1850-1851 tendant pour la première fois à l’exhaustivité, et contenant 4311 entrées reposant généralement sur un titre plutôt que sur une édition ou une émission [2] . Les suppléments en ont été donnés par Moreau lui-même, dans deux articles du Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire (en 1862 et 1869), ou par des bibliographes qui se sont appuyés souvent sur des ressources régionales, celles de Belgique pour Philippe Van der Haeghen en 1859 [3] , de la bibliothèque de Troyes pour Émile Socard (1876) [4], ou de collections privées et publiques bordelaises pour Ernest Labadie (1903-1904) [5].
La Bibliothèque Mazarine conserve par ailleurs un exemplaire exceptionnel du Moreau, abondamment complété et corrigé par Armand d’Artois à la fin du XIXe siècle [6]. Elle a également reçu en 2010 les archives de travail laissées par Hubert Carrier, qui dans le sillage de ses travaux sur la littérature de la Fronde, avait esquissé le projet d’un nouveau répertoire bibliographique des mazarinades. L’entreprise se nourrit aussi des inventaires publiés au XXe siècle à partir de fonds ou d’ensembles de fonds (McCombs 1938 ; Linsay-Neu 1972) [7], et profite évidemment de nombreuses numérisations, et du signalement en ligne de collections entières (comme celle de l’Université de Tokyo, mis en œuvre par le groupe des Recherches internationales sur les Mazarinades).

Le protocole de description des éditions est largement inspiré des recommandations publiées en France en mai 2016 pour le Catalogage des monographies anciennes. Il tient compte toutefois des spécificités liées au contexte de fabrication des mazarinades : travail souvent clandestin, rapide, réparti entre plusieurs ateliers ou entre plusieurs équipes d’un même atelier travaillant de façon concomitante, dont le résultat met parfois à l’épreuve les notions « classiques » d’édition, d’émission et d’état.
Bibliographie des mazarinades a pour but d’offrir un référentiel propre à identifier toutes les éditions d’une même mazarinade, et tous les états imprimés connus d’une même édition. Chacune de ces entités bibliographique dispose d’un identifiant unique, qui doit faciliter sa citation (à savoir un numéro de référence, du type BM0024, auquel est associée une adresse pérenne de type ARK).
Les données sont structurées au format Unimarc, dans une base conçue avec le progiciel open source Koha. Deux types de requête sont possibles, l’interrogation tous mots, et l’interrogation avancée qui sollicite divers index de données : titre, auteurs, imprimeurs-libraires, date, sujets (personnes, collectivités, lieux, événements, sujets cités). Des liens sont établis entre différentes éditions ou versions d’un même texte lorsque l’absence de titre commun ne permet pas de les rapprocher. Des liens sont également établis entre la notice d’une édition et d’éventuels exemplaires de référence numérisés, ou d’éventuelles éditions électroniques accessibles en ligne.
Ouverte en 2019, la Bibliographie des mazarinades est une ressource en cours de développement ; elle donne actuellement (janvier 2020) accès à environ 1200 notices, soit près de 20% de l'ensemble des données attendues à terme. Le projet, tout en rendant hommage aux bibliographies anciennes et justice aux identifications les plus récentes, propose un outil évolutif dont le contenu est complété et mis à jour au gré des apports de la recherche.



[1].Christian JOUHAUD, La Fronde des mots, Paris, Aubier, 1985 (Collection historique). Hubert CARRIER, La presse de la Fronde (1648-1653) : les mazarinades [t. 1. La Conquête de l’opinion ; t. 2. Les hommes du livre], Genève, Droz, 1989-1991 (Histoire et civilisation du livre, 19-20). Stéphane HAFFEMAYER, Patrick REBOLLAR, Yann SORDET, « Introduction », dans Mazarinades, nouvelles approches, dossier publié dans la revue Histoire et civilisation du livre, XII, Genève, Droz, 2016, p. 9.
[2]. Célestin MOREAU, Bibliographie des mazarinades, Paris, Jules Renouard, 1850-1851, 3 vol.
[3]. Philippe VAN DER HAEGHEN, « Notes biographiques sur les mazarinades », Bulletin du bibliophile belge, t. 15, 1859, p. 384-395.
[4]. Émile SOCARD, Supplément à la Bibliographie des mazarinades,Cabinet historique, t. XXII, 1876, p. 223-247, et Paris, H. Menu, 1876. (collection de la bibliothèque de Troyes).
[5]. Ernest LABADIE, Nouveau supplément à la Bibliographie des mazarinades, Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 1903, p. 293-303, 363-372, 435-443, 555-565 et 676-680 ; 1904, p. 91-98 et 131-141 et Paris, Henri Leclerc, 1904.
[6]. Voir Christophe VELLET, « Les mazarinades à l’affiche ? Amand d’Artois et la collection de la bibliothèque Mazarine », dans Mazarinades, nouvelles approches…, op. cit., p. 51-68.
[7]. Charles Flowers MCCOMBS, French printing through 1650, Mazarinades: a check list of books and pamphlets in the New York Public Library , New York, The New York Public Library, 1938. Robert O. Lindsay et John Neu, A Checklist of Copies in Major Collections in the United States, Metuchen (New Jersey), Scarecrow Press, 1972.


About

Mazarinades are booklets published during the Fronde, between 1648 and 1653, and relating to it. Most of them consist of printed pamphlets produced against, but also sometimes in favour of Mazarin, as well as of writings reporting particular events and facts, or expressing a particular opinion on the political context of these years. The corpus includes various literary genres (songs, relations, proclamations, satires etc.) as well as different printed forms (placard, booklet, legal document etc.); scholars have often discussed the defining elements of mazarinades, and the limitation of their corpus. [1] . We have deliberately kept within the corpus official texts (royal and parliament acts) as well as ephemera, the contents of which do not fall within the scope of the pamphlet, but was necessarily apprehended in connection with events of the Fronde. Between 5,500 and 6,000 editions of mazarinades survive today. Often regarded, because of its production scale and pace, as a 'flood' (Hubert Carrier), an 'ocean' (Christian Jouhaud), or a 'maze' (Michel de Certeau), the corpus is a rather coherent set of writings. Evidence for this literary and material uniformity is noticeable already in the 17th century, as shown by collections of mazarinades bound soon after their production or by these works' global analysis in 1649 by Gabriel Naudé in his Jugement de tout ce qui a esté imprimé contre le cardinal Mazarin today known as Mascurat), reprinted in 1650.
The purpose of the Bibliographie des mazarinades is to offer a descriptive census of these editions and their variants, based in a first phase on the treatment of the 25,000 copies held in the Bibliothèque Mazarine (a collection systematically developed since the 19th century), and on bibliographical research data. The basis for this was constituted by Célestin Moreau, in an inventory published in 1850-1851, which for the first time tended to be exhaustive, and which contains 4311 entries generally based on a title rather than on an edition or issue. [2] . The supplements were given by Moreau himself, in two articles of the Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire (1862 and 1869), or by bibliographers who often relied on regional resources, those of Belgium for Philippe Van der Haeghen in 1859 [3], of the library of Troyes for Émile Socard (1876), [4], or of private and public collections in Bordeaux for Ernest Labadie (1903-1904) [5].
Moreover the Bibliotheque Mazarine holds an exceptional copy of Moreau's work revised and extensively annotated by Armand d'Artois in the late 19th century [6]. Another important source, given to the Bibliothèque Mazarine in 2010, consists of the working papers of Hubert Carrier, who intended to compile a new bibliographical inventory of mazarinades following his research on the literature produced during the Fronde. The project also uses 20th-century printed inventories of local collections or groups of collections (McCombs 1983; Linsay-Neu 1972) [7], digitised copies of mazarinades, as well as collections catalogued online (such as that of the Gakushuin University Library at Tokyo described by the 'Recherches internationales sur les Mazarinades' team).

Cataloguing guidelines are largely derived from Antiquarian books cataloguing rules issued in France in May 2016 Catalogage des monographies anciennes. Meantime, it takes into account the specificities linked to the context in which the mazarinades have been produced : work that was often clandestine, fast, divided between several workshops or between several teams of the same workshop working at the same time, making it difficult sometimes to use the classic notions of ‘edition’, ‘issue’ or ‘state’.
The database aims to provide a reference inventory describing all known editions of a given mazarinade, as well as all known different states of a given edition. Each edition has been assigned a unique identifier in order to be easily referred (that is a reference number, such as 'BM00024', which is also related to an ARK permalink).
The project uses UNIMARC format to record data in a database designed with Koha Library software. Two types of search are possible: the all-words search, and the advanced search through various indexes: titles, authors, printers, date, topics (individuals, corporate names, places, events, mentioned subjects). Different editions or different versions of a same work are linked when the title is not the same. Other links, to digitised copies of an edition, or to online electronic editions, are also provided in bibliographical records.
Launched in 2019, the Bibliographie des mazarinades database is an ongoing project; at the moment (January 2020), it gives access to about a 1,200 records, that is 20% of the entire corpus. While paying tribute to scholarship from previous catalogues, the project takes into account identifications from more recent research ; it offers an evolving tool whose content is completed and updated with relevant search results.



[1].Christian JOUHAUD, La Fronde des mots, Paris, Aubier, 1985 (Collection historique). Hubert CARRIER, La presse de la Fronde (1648-1653) : les mazarinades [t. 1. La Conquête de l’opinion ; t. 2. Les hommes du livre], Genève, Droz, 1989-1991 (Histoire et civilisation du livre, 19-20). Stéphane HAFFEMAYER, Patrick REBOLLAR, Yann SORDET, « Introduction », dans Mazarinades, nouvelles approches, dossier publié dans la revue Histoire et civilisation du livre, XII, Genève, Droz, 2016, p. 9.
[2]. Célestin MOREAU, Bibliographie des mazarinades, Paris, Jules Renouard, 1850-1851, 3 vol.
[3]. Philippe VAN DER HAEGHEN, « Notes biographiques sur les mazarinades », Bulletin du bibliophile belge, t. 15, 1859, p. 384-395.
[4]. Émile SOCARD, Supplément à la Bibliographie des mazarinades,Cabinet historique, t. XXII, 1876, p. 223-247, et Paris, H. Menu, 1876. (collection de la bibliothèque de Troyes).
[5]. Ernest LABADIE, Nouveau supplément à la Bibliographie des mazarinades, Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 1903, p. 293-303, 363-372, 435-443, 555-565 et 676-680 ; 1904, p. 91-98 et 131-141 et Paris, Henri Leclerc, 1904.
[6]. Voir Christophe VELLET, « Les mazarinades à l’affiche ? Armand d’Artois et la collection de la bibliothèque Mazarine », dans Mazarinades, nouvelles approches…, op. cit., p. 51-68.
[7]. Charles Flowers MCCOMBS, French printing through 1650, Mazarinades: a check list of books and pamphlets in the New York Public Library , New York, The New York Public Library, 1938. Robert O. Lindsay et John Neu, A Checklist of Copies in Major Collections in the United States, Metuchen (New Jersey), Scarecrow Press, 1972.

Bibliographie des mazarinades
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